“M’sieur, vous êtes hackeur ?”
Combien de fois les élèves m’ont-ils demandés si j’étais un hackeur ?
Beaucoup :–D
Et pourquoi très souvent la Nasa ? Je pense que l’histoire de ce jeune qui avait réussi à rentrer dans un des systèmes informatique de la Nasa est resté dans l’inconscient collectif.
Sauf que la SNT, ce n’est pas que l’apprentissage de savoir utiliser son ordinateur ou de savoir comment fonctionne un DNS, une IP, un site web.
Oui clairement, on tourne autour de l’utilisation des ordinateurs.
Toutefois, la SNT a un gros volet éducatif en ce qui concerne le comportement en ligne, et d’autant plus auprès de jeunes générations qui ne connaissent pas toujours bien les limites de l’acceptable et de l’abusif.
Je prends de plus en plus de séances pour faire des points avec eux, tout au long de l’année, sur leur utilisation des réseaux sociaux et sur leur rapport au smartphone notamment.
Il ne faut pas s’y tromper : sortir son smartphone dès que l’on a rien à faire n’est pas une pratique jeune. Je vois beaucoup de gens de plus de 50 ans dégainer leur portable dès qu’ils s’ennuient.
En intervenant auprès de jeunes de 15 ans environ, notre impact est réel et peut clairement modifier leur comportement numérique.
Depuis que j’enseigne en SNT, je traite le sujet des réseaux sociaux avec un regard particulier sur les dérives du net. Beaucoup de mes élèves surconsomment, d’autres non mais ils sont plus rares.
J’essaie de leur inculquer le fait que tout est réaction lorsque l’on s’exprime en ligne. On ne prend généralement pas le temps de la réflexion face à un post, une image, un commentaire qui nous interpelle.
Ce tout réaction amène bien souvent à des débats stériles où chacun défend sa réaction initiale qui se transforme en une opinion qu’il ne défend pas forcément en réalité.
Oui, la première réaction face à quelque chose qui nous indigne est bien souvent nulle et vide de sens.
Les réseaux sociaux appellent à ce comportement : réagir vite et passer au contenu suivant.
C’est le fond du problème : tous les élèves ne sont pas armés pareil par leurs parents.
Il m’est déjà arrivé d’avoir des élèves qui restent à la fin des cours pour parler avec moi. Je m’intéresse beaucoup à la pratique des réseaux chez le jeune et j’entend souvent beaucoup de violence.
On ne parle pas ici de mette un coup physique à quelqu’un. Cette violence est bien plus insidieuse et son bras armé est la parole (ou du moins, l’écrit).
Il ne nous est pas possible en tant que professeur, même de SNT, de combler totalement le manque d’éducation numérique de nos élèves mais l’on peut les amener à réfléchir et à changer. J’ai d’ailleurs déjà observé bon nombre de résultats très encourageant sur une année scolaire.
Faire prendre conscience aux élèves que la parole en ligne, tout du moins sur les réseaux, est futile et bien souvent pas pensée par son auteur.
Faire prendre conscience qu’une personne avec plus de commentaires qu’une autre n’est pas plus aimée.
Faire prendre conscience de ce qu’est la recherche du like sur un post et déconstruire leur regard sur l’aspect “cool” du buzz.
Telle est notre mission en tant que professeur de SNT.